Dans ton nouveau corps de mannequin

 

J’ai un corps de mannequin.

Oui, oui, j’ai besoin de me faire du bien en ce moment, alors je le dis haut et fort : je suis enceinte, mais j’assure grave.

Pour la loutre, je faisais que manger. C’était dingue. Je mangeais jour et nuit. Je mangeais pas pour 2, je mangeais pour 4. Je dévorais tout ce qu’il y a avait à table, je me resservais 3 fois, je grignotais entre les repas, je me levais la nuit pour manger, je me faisais cuire des pâtes au réveil pour tenir le choc, bref, j’étais un frigo ambulant, je tenais un siège, j’avais une réserve de nourriture prête à affronter une 3ième guerre mondiale.

Et pourtant, je n’avais pris que 11 kg. Mais aussi un triple menton… Ou plutôt sextuple quand j’y repense. Et des joues de hamster.

Cette deuxième grossesse, c’est carrément différent. Adios les réveils nocturnes pour cause de fringuale, les malaises au réveil, le besoin de se servir du rab à table et de manger 6 desserts dans l’aprés-midi.

Non, pour cette grossesse, la nuit, je DORS, parce que voilà, la journée avec la loutre qui court partout et le deuz qui grandit dans le ventre, et ben ça fatigue et que même que rien que d’aller aux toilettes à 2h du matin, c’est déjà trop, alors en plus devoir manger, c’est juste inimaginable et de toute façon j’ai pas faim. Et le matin, ben faut déjà penser à s’occuper de la loutre, l’habiller, la coiffer (étape devenue essentielle ces dernières semaines), l’envoyer chez sa nounou, avant de songer à s’enfiler une tartine. Et aux repas, eh ben pas plus faim que ça, pis de toute façon, faut aussi s’occuper de la loutre qui sait manger toute seule, mais qui fait la pitre, va à 2 à l’heure, qu’on doit reprendre tout le temps, qui s’amuse, fait des calins, discute toujours et encore. C’est fatiguant et pis de toute façon, j’ai faim juste ce qu’il faut, mais pas plus que d’habitude. Et en journée, ben non, j’ai pas vraiment envie de grignoter. Plutôt envie de dormir. Et si j’ai la chance d’avoir dormi, alors là oui, je suis pas contre un petit goûter à 16h. Mais voilà quoi, ça va pas plus loin.

Résultat ? J’en suis à +8kg au bout de 7 mois, mais surtout, je n’ai pas de sextuple menton, ni de joues de hamster. J’ai « juste » un ventre, qui me semble avoir rétréci avec la canicule en plus. Et une poitrine aussi – parce que quand même, faudrait pas m’ôter les avantages de la grossesse. Et un bébé dans les normes.

Et un corps de mannequin.

 

NB: Cet article est uniquement destiné à me faire du bien au moral et à me rappeler, le jour où j’aurais accouché, que même avec un ventre qui pend, une mounette en feu et des seins genre siliconés, mais qui coulent blanc, je reste une mannequin et que rien ni personne ne pourra m’en dissuader. Merci pour votre compréhension.

Et oui, la mannequin se prend en photo, parce que la mannequin se trouve trop top canon en sortant de la mini-piscine de sa loutre où elle a fait trempette pour essayer d’échapper à la canicule.

 

 

Une vessie bionique

 

Comment vous faites vous le matin, quand le réveil sonne ? Moi, en temps normal, je me lève et la toute première chose que je fais, c’est d’aller aux toilettes.

En étant enceinte, c’est pire, parce que 90% du temps, je me suis déjà levée au moins une fois dans la nuit et j’y retourne au réveil.

Bref, impensable pour moi de déjeuner avant d’être passée par la case WC….

Et ben la loutre, le soir elle boit de l’eau. Plein d’eau. Autant, voir même plus, que nous. Bref, une bonne buveuse quoi. Ensuite, un pipi avant d’aller au lit. 11h de sommeil en moyenne. Au lever, on lui demande si elle veut faire pipi ? Non, non, NON.

OK, mademoiselle joue, puis descend son 330ml de lait, puis rejoue. Et c’est parfois seulement 1/2h à 1h plus tard, qu’elle dit enfin : « maman, pipi ! ». Et là, c’est clair que ça vaut le coup.

Mais je sais pas comment elle fait – la loutre une vessie bionique, c’est pas possible autrement….

PS: je précise qu’elle ne se retient pas et que quand elle demande à y aller, c’est loin d’être urgent, parce qu’elle fait 36.000 fois demi-tour avant d’arriver aux toilettes pour chercher doudou, un livre, une balle, bébé, un jeu, un seau (rayer la mention inutile)….

 

 

Perdue dans mes pensées

20h30, le soleil se couche, quelques nuages passent dans le ciel orangé et mon esprit divague. Je me perds dans mes pensées, comme bien souvent depuis 7 mois. On dit qu’une grossesse nous fait perdre des neurones. S’il m’en restait suite à ma première grossesse, je crois bien que là, je les ai définitivement perdu. J’aurais pas du reprendre le boulot, je re-déprime déjà. Devoir se lever à heure fixe le matin, affronter les responsabilités, les problèmes, réfléchir, se concentrer, prendre des décisions (des décisions ??? mais quelle idée…), faire bonne figure, alors qu’on rêve de s’engloutir le paquet de Pim’s caché dans le placard ou le St-Nectaire au frais dans le frigo, avant de s’écrouler pour plusieurs heures dans la pénombre de la chambre à coucher.

J’ai repris le travail et par la même occasion j’ai retrouvé ma déprime de mi-grossesse. Déjà que pendant les vacances, je devais faire de gros efforts de calme, patience et concentration, mais alors là, ça devient quasi mission impossible.

Bref, c’est marrant, parce qu’en débutant cet article, je ne voulais pas du tout vous parler de ça – comme quoi, l’inconscient nous fait écrire des trucs parfois….

Je voulais vous donner quelques arrêts sur image de ces dernières semaines. Quelques unes de mes pensées, en vrac, parce que je ne sais plus sortir une pensée structurée.

Je ne vis décidément pas cette grossesse comme la précédente. Je ne l’idolatre pas, je ne l’idéalise pas, je ne me regarde pas le nombril toute la journée, souvent je ne prête même pas attention aux coups de Dragibus, je n’en parle pas, je m’étonne toujours qu’on me parle de mon ventre ou qu’on me pose des questions sur ma grossesse, je ne me balade pas le bide en avant, je n’en retire aucune fierté, je ne vais même pas aux caisses prioritaires, je ne suis toujours pas inscrite à la maternité, je subis les contractions et les douleurs au rein.

Je me sens nulle. Je me dis « profite, bordel, c’est ta dernière grossesse ! c’est la dernière fois que tu vis un 7ième, 8ième mois, 9ième mois ». Et ben non, je n’arrive pas à réaliser, je laisse filer le temps sans rien y changer, sans prendre conscience qu’il est vraiment temps d’en profiter. D’ailleurs, à cet instant précis, Dragibus est entrain de prendre mon utérus pour un terrain de foot et je n’arrive même pas à trouver ça extraordinaire, à y prêter vraiment attention.

Heureusement, il y a la loutre qui est là pour me rappeler qu’elle va bientôt être grande soeur. Ma loutre, mon adorée, mon amour, mes tripes, ma vie – je l’aime plus que tout au monde et pourtant qu’est-ce que je peux crier après elle en ce moment. Le paradoxe du parent.

Ma fille, c’est un soleil. Une malicieuse, une chipie, une comédienne, une studieuse.

Ma fille, elle a très bien compris, elle, qu’un bébé allait débarquer dans nos vies et elle ne manque pas d’en parler, de me le rappeler.

La loutre a eu droit à un nouveau lit ce mois-ci. Un lit de grande. Ô joie, ô fierté dans ses yeux. Elle a eu droit à une nouvelle piscine aussi. Faut dire que sa piscine de bébé a rendu l’âme dès le premier jour de beau temps. Le papa s’est mis en tête de lui en trouver une nouvelle, est revenu à la maison avec une autoportée de 3,5m de diamètre. Moment de solitude pour moi, excitation pour la loutre, explication seul à seul avec le papa et finalement achat plus raisonnable d’une piscine 3 boudins dans laquelle la loutre n’a pas forcément besoin de nous pour jouer (comprenez qu’elle est sous notre surveillance, mais qu’on est pas dans l’eau quoi).

L’impression d’être toujours celle qui est raisonnable, qui impose des limites, qui dispute, qui punit (rarement, heureusement). C’est fatiguant…

Et puis entendre la loutre rire, l’écouter chanter « une souris verte » toute seule, la regarder lire ses livres sans rien dire, descendre son toboggan des dizaines de fois, éplucher les pommes de terre pour m’aider. L’entendre parler, tout simplement… raconter sa journée. Se regarder droit dans les yeux, à quelques centimètres l’une de l’autre et se faire de gros câlins.

Putain que c’est bon tout ça ! Meilleur qu’une drogue et tout aussi addictif.

Et dire que je vais avoir ça x2…. Je n’ai pas peur de me partager pour eux 2, je sais que ce n’est pas comme ça que ça marche. J’ai hâte de connaitre ce bonheur x2. J’ai peur de ne pas gérer, mais ça c’est pour tout le monde pareil.

Je me reperds dans mes pensées. Je crois qu’il faut que je m’arrête là pour ce soir, sous peine de finir avec un article incompréhensible et un cerveau en bouilli. Est-ce que quelqu’un me lit encore de toute façon ? Je vois de plus en plus la nécessité de m’arrêter là après la naissance de Dragibus. Parce que je n’ai plus grand chose à dire et que je ne sais même plus comment les dire.

21h04, le soleil a disparu derrière la montagne. Dragibus me tape toujours dans les hanches. La douche m’attend.

Il me tarde de le voir ce petit Dragibus.

 

 

(se) reprendre

Il y a quelques jours (jeudi précisément), j’ai voulu venir écrire ici mes états d’âme du moment, et puis finalement, il s’avère que Bonnemine l’a fait pour moi et que depuis, allez savoir pourquoi, ça va beaucoup mieux (le sentiment de se sentir moins seule sûrement).

Reste une loutre pleine de vie, qui parle très souvent du bébé et veut toujours le voir (= voir mon ventre), lui faire des câlins et des bisous (= caresser et bisouter mon ventre), lui donner à manger (= tendre une cuillère remplie vers mon nombril, puis finalement vers ma bouche, parce que ça marche aussi) et lui parler. Le must étant quand elle lui fait cadeau de son doudou en le posant sur mon ventre.

Mais cette loutre pleine de vie a repris hier le chemin de la nounou, quand moi-même je reprenais le chemin du travail. Et ça lui a fait un bien fou : voir d’autres personnes que ses parents, jouer avec les copains/copines. Franchement, quelle différence en la récupérant le soir !

Pour moi la reprise ne fut pas aussi salutaire… Des soucis, de l’énervement – et donc du stress et de la fatigue… Mais je tiens le coup, parce qu’il ne me reste plus que 5 jours de taff et c’est la quille, la vraie, celle qui dure 5 mois ! J’ai du la demander au gynéco qui avait zappé qu’on ne se reverrait pas avant le début de mon congé patho, mais il me l’a signée de bonne grâce.

Dans 1 semaine, fin du taff.

Dans 2 semaines, j’emmène la loutre à sa toute première rentrée scolaire.

Dans 2 mois, nous serons 4….

Joie, excitation, crainte, peur, hâte…

J’ai eu un petit moment de blues ce matin, quand la loutre s’est levée un peu avant nous et est venue nous rejoindre dans notre lit, sous les draps. Soleil qui traverse les volets entreouverts, fraicheur du matin, câlin à 3, bisous sur le ventre, joie dans ses yeux.

Bientôt elle ne sera plus seule. Bientôt elle devra nous « partager ». Bientôt ce seront des moments à 4…. Tout sera différent, et rien n’aura changé…

 

Petits cailloux dans…

… le rein.

Oui, je sais, normalement c’est dans la chaussure, mais que voulez-vous, chez moi ils sont décidément dans les reins… Ca fait pas le même effet, mais dans les 2 cas, ça empêche d’avancer.

Vous pourrez me dire « il est vraiment temps que tu te mettes en arrêt ». Oui, mais voilà, ironie du sort : ces petits cailloux n’arrivent que quand je suis en vacances… De retour de Center Parcs – De retour des Alpes. Bis repetita. L’avantage, c’est qu’avec « l’expérience », on apprend à reconnaitre les crises et à les gérer. De toute façon, Spasfon est décidément mon grand ami dans cette grossesse (jusqu’à ce qu’il soit remplacé par Gaviscon, mais ce n’est pas encore le cas).

Demain, RDV du 7ième mois. Je pourrai toujours montrer mon petit caillou au gynéco, mais de toute façon, il n’y pourra rien. Même si avec ses 6mm, il rentre dans la catégorie des calculs qui pourraient faire décider d’une intervention.

Moi j’attends juste mon patho, qui doit commencer le 29 août. Faudra pas qu’il l’oublie demain. Et juste 7 petits jours de taff avant la quille…..