Un samedi soir sur la terre…

 

Je ne sais pas comment aborder cet article.

Depuis le début de cette grossesse, j’ai l’impression d’avoir passé beaucoup plus de temps à me plaindre qu’à profiter de cet état de grâce. Et en réalité, ce n’est pas qu’une impression. Je vis des hauts et des bas, mais surtout des bas. Et depuis le mois d’août, je n’arrive plus à remonter. Plus ça va, pire c’est et moins je sais où se trouve la solution.

Encore fallait-il que j’accepte de regarder la réalité en face. Et c’est ce que je fais, petit à petit depuis hier soir.

Hier soir, moment où j’ai vu mon gynéco pour la visite du 8ième mois. Et tout va bien, rassurez-vous. Bébé a la tête en bas, il pèse 2,2kg et a encore plein de place pour bouger. Seulement moi, je n’en suis toujours qu’à +8kg sur la balance. Je ne grossis plus. A vrai dire, je maigris même, étant donné que le bébé, le placenta et le liquide amniotique prennent de plus en plus de poids, eux. Evidemment, ce n’est pas grave, tant que bébé continue à grossir. Mais il a quand même ralenti sa croissance. Et puis même, pour une fille qui mesure 1,70m et pèse 51kg quand elle n’est pas enceinte, vous admettrez qu’il n’était franchement pas nécessaire que je maigrisse.

Seulement voilà, tout cela n’est qu’une conséquence. Une conséquence de mon mal-être. De cette chose que je n’arrive pas à nommer. C’est ce que j’ai compris aujourd’hui.

Je n’arrive pas à mettre de mots sur tout ça. Je sais juste que ça ne va pas. Que je me sens incapable. Que je passe mon temps à culpabiliser.

Je m’inquiète énormément pour la loutre. Ses crises me font flipper et m’amènent parfois au bord de l’hystérie. Elles sont une épreuve terrible à mon manque de patience. Je me demande parfois si elle sont réelles ou feintes. Puis quand je la vois ne pas profiter des jeux de la piscine à cause de ces foutues crises, je sais dans mon coeur de maman qu’elles ne sont pas feintes. Voilà 2 à 3 semaines qu’elles ont débuté. Et toutes les raisons possibles et imaginables me passent alors par la tête.

La reprise chez la nounou qui semble avoir été compliquée. Cette petite fille, une nouvelle de 3 ans, qui s’est plusieurs fois fait chopée entrain de la taper. La loutre, si gentille, si douce, si sensible surtout, qui va devoir rapidement apprendre à se défendre si elle veut survivre dans ce monde devenue de brutes.

Ou nous, ses parents, qui en arrivont à nous contredire sur l’éducation face à elle, chose que nous nous étions pourtant interdit de faire. Ne jamais lacher, ne pas craquer, tel est mon crédo – mais c’est plus dur pour certains que pour d’autres…

Ou simplement moi, sa mère. Cette folle hystérique qui a de plus en plus de mal à faire face. Qui puise au maximum dans ses ressources de patience, mais qui finit parfois (souvent) par craquer. Cette dingue, qui a hurlé un soir sur sa fille, à en choquer jusqu’à son mari…. Cette faible qui ne trouve d’autres solutions que pleurer, face à ces crises qui donnent l’impression que la loutre ne comprend plus rien à la vie et se fiche de tout. Je veux qu’on me rende ma fille.

Je l’aime, oh oui, plus que tout au monde. Je le lui dis, tous les soirs, avant de se coucher. C’est primordial pour moi. J’ai l’impression que je serai la même mère pour elle que la mienne ne l’a été pour moi (dépressive, négative, qui se plaint, intransigeante et sévère), mais j’aurais au moins la satisfaction d’avoir su dire à ma fille que je l’aimais, de lui avoir prouvé cet amour chaque jour en me gardant du temps pour elle, en la calinant et en lui parlant.

Tout se bouscule dans ma tête en ce moment. Où est la porte de sortie ? Comment aller mieux ? Comment retrouver goût à la vie ? Profiter de ma fille ? Ne plus voir que les côtés négatifs ? Arrêter de culpabiliser ? Me retrouver avec mon mari ? Ne plus pleurer ? Ne plus m’enfermer ?

Comment retrouver ma fille, ma loutre si heureuse de vivre et tellement enjouée ? Où sont passées son innoncence, sa curiosité ? Est-ce moi, sa mère, qui l’ai rendue comme ça ?

Terribles sentiments qui se mélangent. Impression de lâcher prise à seulement 45 jours de l’arrivée du bébé.

Je voudrais tellement redevenir MOI et que la loutre redevienne ELLE.